Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence

Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence
Histoire
Fondation
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Cadre
Type
Commission et instance ministérielle consultative ou délibérativeVoir et modifier les données sur Wikidata
Pays
 FranceVoir et modifier les données sur Wikidata

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La Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence a été créée en France le par la loi 49-956. Elle a pour mission de contrôler les publications françaises et étrangères. La commission peut sanctionner les éditeurs ou même empêcher l'importation d'une publication étrangère.

Historique

La commission est créée par la loi 49-956 du 16 juillet 1949. Elle s'installe au Ministère de la Justice en 1950. Elle a comme but premier de protéger les enfants et les adolescents des « illustrés gangster ».

En pratique, seul un éditeur a été condamné (à un mois de prison et 500 francs d'amende) au titre de l'article 2 (contrôle des publications jeunesse françaises) : Pierre Mouchot en 1961, éditeur de Big Bill le casseur (le roi des cow-boys)[1].

La commission a en revanche procédé à l'interdiction d'un certain nombre de publications. Ainsi, la première revue des éditions Lug, Fantask, consacrée aux super-héros tels ceux créés par Stan Lee et Jack Kirby dans les Quatre fantastiques et Surfer d'argent, fut interdite à compter du #7. Idem pour Wampus, chez le même éditeur et toujours en 1969. Si les personnages de Marvel purent repartir assez rapidement dans Strange et Marvel dès 1970, il n'en fut pas de même pour Wampus qui ne verra sa septième aventure publiée qu'en 1983 et ne décollera jamais vraiment.

De même, au titre de l'article 13 de la loi, la Commission a été à l'origine du refus d'importation de plusieurs albums belges de bande dessinée. Par exemple :

On pourrait aussi parler de L'Épervier Bleu, ou de Gil Jourdan, à cause des policiers ridicules qu'on y trouve, ou même du Marsupilami, pour lequel Franquin reçut un avertissement, car son personnage était jugé absurde[4].

La Commission peut également proposer différents types d'interdiction de publication, en déclarant qu'un ouvrage est « pour adultes », avec l'article 14. Ainsi :

La Commission demeure toujours active. Ainsi, dans les années 2000, l'album Ma circoncision (2004) vaut à son auteur Riad Sattouf une convocation à la police après un signalement défavorable de la Commission[6]. Cette contrainte représente un risque qui amène nombre d'éditeurs à s'autocensurer[6].

Les interdictions à la vente aux mineurs n'ont cependant concerné en 2010 et 2011 que des revues à fortes connotations sexuelles[7].

Rôle

Jusqu'en 2011, les publications destinées à la jeunesse ne devaient pas montrer sous un jour favorable « le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques. Ces publications ne doivent pas non plus comporter de publicité, d'annonce pour des publications de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse »[8].

En 2011, la loi a été modifiée comme suit : les publications destinées à la jeunesse « ne doivent comporter aucun contenu présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou lorsqu'il est susceptible d'inciter à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes, à la violence ou à tous actes qualifiés de crimes ou de délits ou de nature à nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral de l'enfance ou la jeunesse. Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse. »[9]

Composition

La commission est composée de trente membres nommés pour trois ans par le Garde des Sceaux. Ils viennent de différents milieux (ministères, maisons d'édition pour la jeunesse, enseignement, organisations pour la jeunesse, dessinateurs ou encore associations familiales).

Notes et références

  1. Quentin Girard, « La Censure même pas morte », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. R. S.-C., « Le cow-boy bridé par la censure », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en-US) « Censorship in Belgian Comics - Part 1 », sur Europe Comics, (consulté le ).
  4. Didier Pasamonik, « La Loi du 16 juillet 1949 a 60 ans », sur ActuaBD (consulté le ).
  5. Dictionnaire de la Bande dessinée, coll. « Les Dictionnaires d'Universalis », (ISBN 9782341002301, lire en ligne), « L'Âge d'or de la bande dessinée francophone (1969-1986) - Bandes érotiques ».
  6. a et b Bernard Joubert, « La Censure, toujours stupide ! », Art press Spécial, hors-série annuel no 26,‎ 4e trim. 2005.
  7. « Avis et décisions », sur justice.gouv.fr (consulté le ).
  8. Loi no 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse sur http://www.legifrance.gouv.fr
  9. loi no 2011-525 du 17 mai 2011 - art.46 sur http://www.legifrance.gouv.fr

Annexes

Bibliographie

  • André Cantenys, Pierre Guilbaud et Raoul Rossi, « « On tue à chaque page » », Enfance, t. 6, no 5 « Les journaux pour enfants »,‎ , p. 413-416 (lire en ligne).
  • Paulette Charbonnel, « Comment a été votée la loi du 16 juillet 1949 », Enfance, t. 6, no 5 « Les journaux pour enfants »,‎ , p. 433-437 (lire en ligne).
  • Thierry Crépin (dir.) et Thierry Groensteen (dir.), « On tue à chaque page ! » : La Loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, Paris, Éditions du Temps, , 253 p. (ISBN 2-84274-098-X, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Thierry Crépin, « Haro sur le gangster ! » : la moralisation de la presse enfantine, 1934-1954, Paris, CNRS Éditions, , 493 p. (ISBN 2-271-05952-6, présentation en ligne).
  • Thierry Crépin et Anne Crétois, « La presse et la loi de 1949, entre censure et autocensure », Le Temps des médias, Éditions Nouveau Monde, no 1 « Interdits. Tabous, transgressions, censures »,‎ , p. 55-64 (lire en ligne).
  • Raoul Dubois, « La loi du 16 juillet 1949 », Enfance, t. 6, no 5 « Les journaux pour enfants »,‎ , p. 439-450 (lire en ligne).
  • (en) Richard I. Jobs, « Tarzan under Attack : Youth, Comics, and Cultural Reconstruction in Postwar France », French Historical Studies, vol. 26, no 4,‎ , p. 687-725 (DOI 10.1215/00161071-26-4-687).
  • (en) Joel E. Vessels, Drawing France : French Comics and the Republic, Jackson, University Press of Mississippi, , XII-305 p. (ISBN 978-1-60473-444-7, présentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes

  • La page de la commission sur le site du Ministère de la Justice et des Libertés.
  • Bande dessinée et Censure sur Le B-A BA de la BD
  • Jean-Yves Guerre, « Un exemple de censure ayant sévi dans les Petits Formats », sur bandedessinee.info, Bande Dessinée Info, (consulté le )
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